Se faire assister lors d’un entretien informel : vos droits

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Nous le constatons chaque jour dans notre pratique : le mot “entretien informel” crée beaucoup de confusion chez les salariés et les entrepreneurs que nous accompagnons. Beaucoup se demandent s’ils peuvent être accompagnés, si la loi les protège, et ce qui différencie vraiment ce type d’échange d’une procédure disciplinaire classique.

Voici ce que nous allons voir ensemble :

  • La distinction claire entre entretien informel et entretien disciplinaire
  • Vos droits légaux en matière d’assistance
  • Les règles spécifiques dans la fonction publique
  • Comment demander et préparer cet accompagnement
  • Les erreurs à éviter et les recours possibles

Notre objectif : vous donner toutes les clés pour aborder ces situations avec sérénité et professionnalisme.

Peut-on se faire assister lors d’un entretien informel au travail ?

La réponse est claire : non, vous n’avez pas de droit légal à l’assistance lors d’un entretien informel. Le Code du travail ne prévoit ce droit que pour les entretiens préalables à sanction disciplinaire.

Concrètement, si votre manager souhaite échanger avec vous sur un point de fonctionnement, un recadrage comportemental ou une mise au point, il n’est pas tenu d’accepter la présence d’un tiers. Cette règle vise à préserver la fluidité de la relation hiérarchique et à permettre un dialogue direct entre vous et votre supérieur.

Attention : certaines entreprises ont mis en place des pratiques internes plus favorables. Nous vous recommandons de consulter votre règlement intérieur ou votre accord collectif pour vérifier si des dispositions spécifiques existent dans votre organisation.

Quelle est la différence entre entretien informel et entretien disciplinaire ?

Nous rencontrons souvent des salariés qui confondent ces deux types d’entretien. Pourtant, les différences sont majeures :

L’entretien informel vise à corriger un comportement, rappeler les règles ou faire un point sur votre travail. Il n’aboutit à aucune sanction inscrite dans votre dossier. Aucune convocation écrite n’est nécessaire, et votre supérieur peut vous demander de le rejoindre dans son bureau par simple appel téléphonique.

L’entretien disciplinaire, à l’inverse, s’inscrit dans une procédure formelle encadrée par l’article L1232-4 du Code du travail. Il fait suite à une convocation écrite précisant l’objet, la date, l’heure et votre droit à vous faire assister. Il peut déboucher sur une sanction (avertissement, mise à pied, licenciement).

Le piège : un entretien présenté comme informel peut basculer en entretien disciplinaire si votre employeur vous annonce une sanction. Dans ce cas, la procédure doit être recommencée dans les règles, avec convocation formelle et droit à assistance.

Que dit la loi sur le droit à l’assistance ?

Le cadre légal est précis. L’article L1232-4 du Code du travail accorde le droit à l’assistance uniquement lors d’un entretien préalable à sanction disciplinaire. Ce droit vous permet d’être accompagné par :

  • Un membre du personnel de l’entreprise
  • Un conseiller du salarié (liste disponible en préfecture)

Cette assistance se limite à une seule personne. Vous ne pouvez pas venir avec plusieurs représentants simultanément.

Pour les entretiens informels, aucune disposition législative ne prévoit ce droit. La loi considère que ces échanges relèvent de la gestion courante et de l’autorité hiérarchique normale, sans nécessiter de garanties procédurales particulières.

Quels sont vos droits en entreprise face à un entretien non formalisé ?

Même sans droit à l’assistance, vous conservez plusieurs protections fondamentales :

Vous ne pouvez pas refuser l’entretien sans risquer une faute professionnelle. Nous vous conseillons de vous y rendre et de rester professionnel, quelles que soient les circonstances.

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Vous avez le droit de demander un compte-rendu écrit de l’échange. Si votre employeur refuse, prenez vos propres notes immédiatement après l’entretien (date, heure, sujets abordés, propos échangés).

Vous pouvez solliciter un second entretien si vous estimez que certains points méritent clarification. Cette approche montre votre bonne foi et votre volonté de dialogue.

Si l’entretien dérape et qu’une sanction est évoquée, demandez expressément que la procédure soit suspendue et formalisée. À partir de ce moment, vos droits à l’assistance s’appliquent.

Fonction publique : quelles règles spécifiques pour l’assistance ?

Dans la fonction publique, le cadre est encore plus strict. Le Directeur Général des Services ou tout supérieur hiérarchique peut convoquer un agent pour une mise au point orale, même sans convocation écrite préalable.

L’agent ne peut refuser ce type d’entretien. Un simple appel téléphonique suffit, et l’entretien peut se tenir immédiatement, sans temps de préparation. Le refus de s’y rendre constitue une faute professionnelle au sens de l’article L.121-10 du Code Général de la Fonction Publique.

L’entretien peut se dérouler en présence d’un témoin choisi par la hiérarchie, souvent chargé de prendre des notes. Ces notes n’ont pas de valeur disciplinaire officielle mais peuvent être versées au dossier en cas d’escalade ultérieure.

L’agent reste tenu à l’obéissance hiérarchique, sauf si l’ordre donné est manifestement illégal ou gravement contraire à l’intérêt public.

Si une procédure disciplinaire formelle doit être ouverte suite à cet entretien, l’entretien informel ne peut pas se substituer aux étapes légales prévues par le statut de la fonction publique.

Dans quels cas l’assistance peut-elle être acceptée ou refusée ?

Nous observons que certains employeurs acceptent volontairement la présence d’un tiers lors d’entretiens informels, notamment pour :

  • Faciliter la communication avec un salarié stressé ou en difficulté
  • Éviter toute contestation ultérieure sur le contenu de l’échange
  • Respecter une pratique d’entreprise ou un accord collectif

À l’inverse, l’employeur peut légitimement refuser toute assistance pour préserver :

  • La confidentialité de certaines informations
  • La qualité du dialogue direct avec le salarié
  • L’autorité hiérarchique et la fluidité managériale

Notre conseil : si votre demande est refusée, ne forcez pas. Concentrez-vous plutôt sur une préparation solide en amont et une prise de notes rigoureuse pendant l’entretien.

Comment demander à être accompagné lors de l’entretien ?

Si vous souhaitez tenter une demande d’accompagnement malgré l’absence de droit légal, voici notre méthode éprouvée :

Formulez votre demande par écrit (mail ou courrier) dès que vous êtes informé de l’entretien. Expliquez les raisons de votre demande de manière factuelle et professionnelle : stress, incompréhension, besoin de témoin neutre.

Proposez un accompagnant issu de l’entreprise : un collègue de confiance, un représentant du personnel. Évitez de demander la présence d’une personne extérieure (avocat, syndicat externe), ce qui durcirait inutilement la situation.

Restez ouvert à la discussion. Si votre employeur refuse, proposez des alternatives : compte-rendu écrit, second entretien, présence d’un observateur silencieux.

Conservez tous les échanges écrits. Ils constitueront des preuves utiles si l’entretien devait être requalifié en procédure disciplinaire.

Qui peut vous accompagner : représentants, collègues, conseillers ?

Dans le cadre d’un entretien disciplinaire formel, vous pouvez choisir :

  • Un délégué du personnel (titulaire ou suppléant)
  • Un membre du comité social et économique
  • Un conseiller du salarié inscrit sur la liste préfectorale
  • Tout autre salarié de l’entreprise

Pour un entretien informel, même si l’employeur accepte exceptionnellement une assistance, privilégiez :

  • Un collègue direct qui connaît votre travail
  • Un représentant du personnel habitué à ces situations
  • Une personne capable de rester neutre et objective

Évitez absolument de venir avec plusieurs personnes ou avec un avocat. Cette approche serait perçue comme conflictuelle et contraire à l’esprit d’un entretien informel.

Que faire si votre employeur refuse votre demande d’assistance ?

Le refus est légal, nous vous le rappelons. Voici comment réagir professionnellement :

Acceptez la décision sans protester excessivement. Montrez que vous restez dans une démarche constructive et respectueuse de la hiérarchie.

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Demandez à reporter l’entretien de 24 à 48 heures pour vous préparer sereinement. Cette demande est généralement acceptée et légitime.

Préparez-vous minutieusement : listez les points qui pourraient être abordés, vos arguments, les faits objectifs. Plus vous serez préparé, moins le stress sera présent.

Pendant l’entretien, prenez des notes. Notez les points clés, les reproches formulés, vos réponses. Demandez des précisions sur tout ce qui vous semble flou.

Après l’entretien, rédigez un mail de synthèse à votre supérieur récapitulant les points abordés et les engagements pris de part et d’autre. Cette pratique crée une trace écrite précieuse.

Comment bien préparer un entretien informel (avec ou sans assistance) ?

Nous recommandons une préparation structurée en trois temps :

Avant l’entretien :

  • Relisez votre contrat, le règlement intérieur, vos dernières évaluations
  • Identifiez les sujets probables (retards, performance, comportement)
  • Préparez des éléments factuels : dates, chiffres, exemples concrets
  • Adoptez une tenue professionnelle adaptée au contexte de votre entreprise

Pendant l’entretien :

  • Arrivez à l’heure, adoptez une posture ouverte et respectueuse
  • Écoutez activement sans interrompre
  • Demandez des précisions sur les points flous
  • Reconnaissez vos erreurs éventuelles et proposez des solutions
  • Gardez un ton calme, même si l’échange devient tendu

Après l’entretien :

  • Rédigez immédiatement un compte-rendu personnel
  • Envoyez un mail de synthèse à votre supérieur
  • Mettez en œuvre les actions correctives évoquées
  • Sollicitez un point de suivi dans quelques semaines

Quelles erreurs éviter pendant un entretien informel ?

Nous avons identifié les erreurs les plus fréquentes qui nuisent à la qualité de ces échanges :

Arriver non préparé. Beaucoup de salariés négligent la préparation parce que l’entretien est “informel”. C’est une erreur : ces échanges peuvent avoir des conséquences importantes sur votre évolution professionnelle.

Adopter une posture défensive ou agressive. Même si vous estimez les reproches injustifiés, restez professionnel. L’agressivité ne fera qu’envenimer la situation.

Refuser toute responsabilité. Reconnaître ses erreurs avec humilité et proposer des solutions est toujours mieux perçu qu’un déni systématique.

Ne rien noter. Sans trace écrite, vous n’aurez aucune preuve en cas de litige ultérieur. Prenez systématiquement des notes pendant ou juste après l’entretien.

Laisser passer une requalification. Si votre employeur annonce une sanction pendant l’entretien, réagissez immédiatement en demandant la suspension et la formalisation de la procédure.

Peut-on contester un entretien informel mal encadré ?

La contestation d’un entretien informel est complexe car il n’a pas de valeur disciplinaire officielle. Nous vous suggérons cette approche progressive :

Si l’entretien a débouché sur une sanction sans respect de la procédure légale, vous pouvez saisir le conseil de prud’hommes pour faire annuler cette sanction. La jurisprudence protège les salariés dont les droits procéduraux ont été bafoués.

Si l’entretien a créé un climat de travail dégradé (harcèlement, pression), alertez les représentants du personnel et la médecine du travail. Documentez chaque situation problématique.

Si vous estimez que l’entretien visait à vous pousser vers la sortie, consultez un avocat spécialisé en droit du travail. Il évaluera si vous pouvez invoquer un licenciement déguisé ou un harcèlement moral.

Gardez toujours à l’esprit que la contestation doit rester proportionnée. Un simple recadrage, même mal vécu, ne justifie pas systématiquement une action contentieuse.

Modèle de mail pour demander une assistance à un entretien informel

Voici un modèle que nous utilisons régulièrement avec nos clients :


Objet : Demande d’accompagnement lors de notre prochain entretien

Madame, Monsieur,

Suite à votre demande d’entretien prévue le [date] à [heure], je me permets de solliciter la possibilité d’être accompagné(e) par [nom et fonction de la personne], [préciser : collègue / délégué du personnel].

Cette présence me permettrait d’échanger avec vous dans les meilleures conditions et de bien comprendre les points que vous souhaitez aborder. Je reste naturellement disponible pour discuter de cette demande si vous le jugez nécessaire.

Je vous remercie par avance pour votre compréhension et reste à votre disposition pour tout échange complémentaire.

Cordialement,
[Votre nom]


Ce mail est sobre, respectueux et laisse la porte ouverte au dialogue. Nous vous conseillons de l’envoyer rapidement après avoir été informé de l’entretien, idéalement 48 heures avant la date prévue.


Notre conclusion : Les entretiens informels font partie de la vie professionnelle normale. Même sans droit légal à l’assistance, vous pouvez toujours demander un accompagnement, préparer minutieusement l’échange et documenter soigneusement son déroulement. L’essentiel reste de garder une posture professionnelle, ouverte et constructive. Si vous sentez que la situation se durcit, n’hésitez pas à solliciter les représentants du personnel ou un conseil juridique pour sécuriser vos droits.

Écrit par

Adrienne

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