Oui, nous sommes en moyenne mieux payés qu’en Italie en ce qui concerne le salaire minimum légal. Contrairement à la France où le SMIC est un cadre bien défini et revalorisé chaque année, l’Italie ne possède pas de salaire minimum national uniforme. Cela peut paraître étonnant, mais ce fonctionnement s’explique par une organisation différente du droit du travail. Voyons ensemble comment cela se traduit concrètement, et si travailler en Italie permet réellement de vivre décemment selon les conventions collectives en vigueur.
Pas de SMIC national en Italie : comment est encadré le salaire minimum
En Italie, il n’existe pas de salaire minimum fixé par l’État comme c’est le cas en France. Le montant des salaires est défini par les conventions collectives sectorielles négociées entre syndicats et organisations patronales. Cela signifie que le salaire minimum dépend du secteur d’activité, de la qualification du salarié et de l’ancienneté. Ce système peut sembler flou, mais il est fortement encadré et reconnu comme légal par la Cour constitutionnelle italienne.
Par exemple, un employé non qualifié dans le secteur du commerce peut toucher environ 1 100 € brut par mois, tandis qu’un ouvrier qualifié dans l’industrie métallurgique peut atteindre les 1 400 € brut mensuels. Ces salaires sont définis par les Contratti Collettivi Nazionali di Lavoro (CCNL), et sont obligatoires pour tous les employeurs adhérents à ces conventions, ce qui couvre la majorité des salariés du pays.
Il faut aussi préciser que certains secteurs ne disposent pas de conventions à jour ou appliquées, ce qui ouvre la voie à des rémunérations plus basses. Cela crée de fortes disparités salariales, notamment dans l’agriculture, le bâtiment ou la restauration.
Comparaison avec le SMIC français : des écarts significatifs
En France, le SMIC brut mensuel est fixé à 1 766,92 € depuis le 1er janvier 2024, soit environ 1 398 € net pour un temps plein de 35 heures. Ce salaire s’applique à tous les travailleurs, quel que soit leur secteur. Ce cadre garantit une base de rémunération équitable, même dans les secteurs les moins rémunérateurs.
À l’inverse, en Italie, selon les conventions les plus courantes, le salaire minimum tourne autour de 1 000 à 1 300 € brut par mois, ce qui correspond à un revenu net souvent inférieur à celui d’un salarié français payé au SMIC. De plus, les charges salariales sont plus élevées en Italie, ce qui impacte directement le revenu net perçu.
Il est aussi bon de rappeler que les travailleurs italiens ne bénéficient pas toujours d’un 13e mois systématique, contrairement à ce que l’on peut voir dans certaines entreprises françaises. Le pouvoir d’achat en prend donc un coup, d’autant que les écarts de prix ne compensent pas toujours ces différences de rémunération.
Coût de la vie en Italie : un facteur à prendre en compte
Le coût de la vie en Italie est en moyenne légèrement inférieur à celui de la France, mais cette différence ne suffit pas à compenser l’écart de rémunération. Par exemple, le loyer moyen à Milan pour un appartement d’une chambre en centre-ville est de 1 300 €, alors qu’il est de 1 100 € à Lyon. À Rome, les prix sont comparables à ceux de Marseille.
Sur d’autres postes de dépenses comme l’alimentation ou les transports, les écarts sont plus marqués. Un panier de courses classiques à Naples coûtera environ 20 % moins cher qu’à Paris. Les transports publics, eux, sont souvent plus abordables, avec un abonnement mensuel à Rome autour de 35 €, contre 86,40 € à Paris.
Cela dit, ces différences de prix restent insuffisantes pour compenser un salaire minimum plus bas, surtout dans les grandes villes où la demande en logement explose.
Des disparités salariales importantes entre le nord et le sud
En Italie, les disparités économiques entre le nord et le sud du pays sont bien connues. Elles se répercutent directement sur les salaires, y compris pour les emplois peu qualifiés. Au nord, les salaires sont souvent plus élevés, notamment en Lombardie, en Émilie-Romagne ou au Piémont. À l’inverse, au sud, dans des régions comme la Calabre, la Campanie ou la Sicile, les rémunérations sont bien plus faibles.
Prenons l’exemple d’un poste de serveur : dans un restaurant à Milan, le salaire peut avoisiner les 1 300 € brut, contre 900 € brut à Naples pour un travail équivalent. Ce type d’écart n’est pas marginal, il reflète des réalités économiques très différentes au sein d’un même pays.
Il faut également souligner que le travail non déclaré reste plus fréquent dans le sud, ce qui précarise davantage les salariés et rend la question du salaire minimum encore plus floue.
Quid des projets de SMIC national en Italie ?
Ces dernières années, plusieurs propositions de loi ont été mises sur la table pour instaurer un salaire minimum national en Italie. Le seuil envisagé varie autour de 9 € brut de l’heure. Ce chiffre se rapprocherait du SMIC horaire français, qui est actuellement de 11,65 € brut. Mais aucune loi n’a été adoptée à ce jour, en raison de divergences politiques et de l’opposition de certains syndicats qui craignent que cela affaiblisse les conventions collectives existantes.
Les débats restent vifs. Certains estiment qu’un SMIC unique permettrait de lutter contre la précarité, tandis que d’autres défendent la souplesse actuelle des négociations sectorielles. En attendant, les travailleurs italiens doivent se contenter du système en place, avec tous les avantages et les limites qu’il comporte.
Travailler en Italie : bonne ou mauvaise affaire ?
Tout dépend de votre secteur, de votre niveau de qualification et de la ville où vous comptez travailler. Si vous êtes cadre, ingénieur ou spécialisé dans un domaine en tension, l’Italie peut offrir des opportunités intéressantes, notamment dans les régions du nord. Dans ce cas, les salaires peuvent rivaliser avec ceux pratiqués en France.
En revanche, pour les métiers peu qualifiés ou les postes saisonniers, la France reste en général plus avantageuse. Le SMIC français, combiné aux aides sociales et à la couverture santé, garantit un niveau de vie plus stable.
Cela ne signifie pas que l’Italie est un mauvais choix. Certains y trouvent un meilleur équilibre de vie, une culture d’entreprise différente, ou encore des perspectives d’évolution plus rapides. Mais en termes purement salariaux, les chiffres parlent d’eux-mêmes : nous restons mieux payés dans l’ensemble.