Non, il est impossible d’obtenir un arrêt de travail pour le lendemain, car le médecin doit constater votre état de santé le jour même de la consultation. Cette règle stricte protège à la fois les professionnels de santé et le système de sécurité sociale contre les abus. Mais rassurez-vous, nous allons vous expliquer :
- Les règles légales encadrant les arrêts de travail
- Les solutions concrètes si vous tombez malade sans rendez-vous immédiat
- Les démarches à suivre pour être correctement indemnisé
- Les risques en cas d’erreur ou de retard
Parce que savoir comment réagir face à un imprévu médical, c’est éviter bien des complications administratives et financières.
Peut-on légalement demander un arrêt de travail pour le lendemain ?
La réponse est catégorique : non. Le Code de la Sécurité Sociale et le Conseil de l’Ordre des Médecins interdisent formellement ce qu’on appelle le « postdatage ». Un médecin peut uniquement établir un arrêt à partir du jour de votre consultation, après avoir constaté personnellement votre état de santé.
Pourquoi cette règle ? Parce que le médecin ne peut pas prédire votre état futur. Il atteste de ce qu’il observe lors de l’examen, pas de ce qui pourrait se passer demain. Vous sentez que vous allez tomber malade ? Nous comprenons votre situation, mais légalement, seul le constat médical du jour permet de justifier votre incapacité à travailler.
Si un médecin acceptait de postdater votre arrêt, il s’exposerait à des sanctions disciplinaires graves de l’Ordre des Médecins, voire à des poursuites pénales. Quant à vous, votre arrêt pourrait être refusé par l’Assurance Maladie, et vous perdriez vos indemnités journalières.
Que dit la loi sur les arrêts de travail postdatés ?
La législation française est très claire sur ce point. L’article L321-1 du Code de la Sécurité Sociale impose que l’arrêt de travail soit délivré après un examen médical constatant une incapacité réelle et actuelle. Le médecin engage sa responsabilité professionnelle en signant ce document : il certifie que vous êtes, aujourd’hui, dans l’impossibilité de travailler.
Le postdatage constitue une fausse déclaration. Si la CPAM détecte cette irrégularité lors d’un contrôle (et elle dispose de moyens informatiques performants pour croiser les dates), plusieurs conséquences s’appliquent :
- Refus de prise en charge de l’arrêt de travail
- Absence totale d’indemnités journalières
- Remboursement des sommes éventuellement perçues
- Risque de sanction pour fraude à l’Assurance Maladie
Nous insistons sur ce point : même avec les meilleures intentions du monde, contourner cette règle vous expose à des problèmes bien plus importants que votre situation initiale.
Le rôle du médecin : obligations et limites
Le médecin n’est pas là pour vous rendre service administrativement, mais pour certifier une réalité médicale objective. Son rôle est strictement encadré :
Ce qu’il peut faire :
- Constater votre état de santé le jour de la consultation
- Établir un arrêt débutant immédiatement, pour la durée nécessaire selon son diagnostic
- Prolonger un arrêt existant si votre état le justifie
- Vous orienter vers un confrère ou un spécialiste si besoin
Ce qu’il ne peut pas faire :
- Postdater un arrêt (le faire débuter demain)
- Antidater un arrêt (couvrir des jours déjà passés sans vous avoir examiné)
- Céder à la pression d’un patient pour établir un document de complaisance
- Attester d’un état de santé qu’il n’a pas personnellement constaté
Si votre médecin refuse de postdater votre arrêt, ce n’est pas par manque de compréhension. C’est parce qu’il respecte la loi et protège sa licence d’exercice. Nous vous encourageons à comprendre cette position et à chercher des solutions légales plutôt que de mettre un professionnel dans l’embarras.
Quelle différence entre postdatage et antidatage ?
Ces deux pratiques sont interdites, mais elles ne couvrent pas les mêmes situations :
| Pratique | Définition | Exemple | Conséquence |
| Postdatage | Faire débuter un arrêt à une date future | Vous consultez le lundi et demandez un arrêt débutant le mardi | Refus CPAM + sanction médecin |
| Antidatage | Faire débuter un arrêt à une date passée | Vous consultez le mercredi et demandez un arrêt rétroactif au lundi | Refus CPAM + sanction médecin + absence injustifiée |
L’antidatage est encore plus problématique, car il tente de couvrir des jours d’absence déjà effectués sans justification médicale. Votre employeur pourrait considérer ces jours comme des absences injustifiées et engager une procédure disciplinaire.
Nous le répétons : aucune de ces pratiques ne constitue une solution viable. Elles créent plus de problèmes qu’elles n’en résolvent.
Que faire si aucun médecin n’est disponible le jour J ?
Vous êtes malade, mais votre médecin traitant n’a aucune disponibilité ? Pas de panique, plusieurs solutions s’offrent à vous :
Consulter un autre médecin généraliste : Vous n’êtes pas obligé d’attendre votre médecin habituel. Un autre généraliste peut parfaitement établir votre arrêt. Il agira comme remplaçant et l’Assurance Maladie acceptera le document sans problème.
Se rendre en maison médicale ou cabinet de garde : De nombreuses villes disposent de structures d’accueil sans rendez-vous. Certes, l’attente peut être longue, mais vous obtiendrez votre arrêt le jour même.
Appeler SOS Médecins : En cas d’impossibilité de vous déplacer (forte fièvre, douleurs intenses), ce service peut intervenir à domicile et établir l’arrêt sur place.
Aller aux urgences (en dernier recours) : Si votre état le justifie vraiment (symptômes graves, douleur aiguë), les services d’urgence hospitaliers peuvent constater votre état et délivrer un arrêt. Attention, cette option ne doit pas être utilisée pour de simples rhumes ou fatigues passagères, car elle sature inutilement le système de soins.
Nous vous conseillons d’évaluer honnêtement la gravité de votre situation pour choisir la solution la plus appropriée et la plus respectueuse du système de santé.
Téléconsultation : la meilleure option pour un arrêt rapide
La téléconsultation s’est imposée comme la solution la plus efficace pour obtenir un arrêt de travail rapidement et légalement. Voici pourquoi nous la recommandons :
Les avantages :
- Disponibilité immédiate ou sous quelques heures
- Arrêt établi le jour même de la consultation (respect total de la loi)
- Transmission électronique automatique à la CPAM dans la plupart des cas
- Tarifs conventionnés (remboursement identique à une consultation classique)
Les plateformes fiables : Doctolib, Qare, Livi, Maiia proposent des créneaux rapides avec des médecins conventionnés.
La limite à connaître : Si le médecin en téléconsultation n’est pas votre médecin traitant déclaré, il ne pourra établir qu’un arrêt de 3 jours maximum. Au-delà, un examen physique en présentiel devient obligatoire. Cette règle vise à éviter les abus et à garantir un diagnostic sérieux pour les arrêts prolongés.
Pour un arrêt de courte durée (grippe, gastro, migraine intense), la téléconsultation représente donc le compromis idéal entre rapidité et conformité légale.
Comment bien transmettre son arrêt à la CPAM et à l’employeur ?
Une fois votre arrêt obtenu, il faut respecter scrupuleusement les délais de transmission sous peine de perdre une partie de vos indemnités.
Le délai légal : Vous disposez de 48 heures maximum pour envoyer votre arrêt. Le cachet de la poste fait foi si vous l’envoyez par courrier.
À qui envoyer quoi :
- Volets 1 et 2 : à votre Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM)
- Volet 3 : à votre employeur (ce volet ne contient aucune donnée médicale, uniquement les dates d’arrêt)
Si le médecin a télétransmis : Beaucoup de médecins envoient désormais directement les volets 1 et 2 à la CPAM par voie électronique. Dans ce cas, vous devez simplement transmettre le volet 3 à votre employeur. Vérifiez bien ce point avec votre médecin.
Quel mode d’envoi choisir : Aucun formalisme strict n’est imposé. Vous pouvez utiliser un courrier simple, un mail scanné, ou une lettre recommandée si vous voulez une preuve de réception. Nous recommandons au minimum un mail avec accusé de lecture pour conserver une trace.
Les conséquences d’un retard : Si vous dépassez les 48 heures sans justification valable, la CPAM peut réduire vos indemnités journalières de 50 % pour toute la période de retard. Soyez vigilant !
Risques en cas d’absence injustifiée ou de retard
Si vous n’avez pu consulter à temps et que vous vous absentez sans justificatif médical, voici ce qui vous attend :
Vis-à-vis de votre employeur :
- Absence considérée comme injustifiée
- Retenue sur salaire pour les jours non travaillés
- Risque de sanction disciplinaire (avertissement, voire licenciement en cas de récidive)
Vis-à-vis de la CPAM :
- Aucune indemnité journalière versée
- Impossibilité de régulariser a posteriori avec un arrêt antidaté
Notre conseil : Prévenez immédiatement votre employeur par téléphone ou mail dès le matin. Expliquez votre situation et votre impossibilité de consulter dans l’immédiat. Certains employeurs feront preuve de compréhension et pourront vous proposer de poser un jour de congé ou un RTT en attendant. Cette transparence peut éviter des conflits inutiles.
Si votre état s’aggrave dans la journée, rendez-vous aux urgences pour obtenir un constat médical. Ce document, même s’il ne remplace pas totalement un arrêt classique, prouvera votre bonne foi.
Solutions si vous sentez que vous allez tomber malade (prévention)
Vous ressentez les premiers symptômes d’une grippe en fin de journée et craignez d’être vraiment malade demain ? Nous comprenons votre anticipation, mais rappelez-vous : un arrêt de travail ne fonctionne pas en mode préventif.
Les alternatives légales :
- Poser un jour de congé ou un RTT : Si vous avez des jours disponibles, c’est la solution la plus simple pour vous reposer sans complications administratives.
- Demander du télétravail : Si votre état vous permet de travailler depuis chez vous, cette option évite le déplacement tout en assurant une présence professionnelle.
- Consulter immédiatement : Si vous êtes vraiment mal en fin d’après-midi, certains médecins acceptent encore des consultations tardives ou proposent de la téléconsultation en soirée.
Un arrêt de travail répond à une incapacité médicalement constatée, pas à une fatigue anticipée ou une prévention de confort. Nous vous encourageons à distinguer ces situations pour utiliser les bons outils au bon moment.
Cas particuliers : fonctionnaires, intérimaires, indépendants
Les règles de base restent identiques (pas de postdatage, arrêt daté du jour de consultation), mais les modalités d’indemnisation diffèrent selon votre statut.
Fonctionnaires : Vous bénéficiez d’un maintien de salaire pendant les premiers mois d’arrêt (congé de maladie ordinaire). Votre employeur public continue de vous rémunérer, et vous n’êtes pas directement indemnisé par la CPAM comme les salariés du privé.
Intérimaires : Vos droits dépendent de votre ancienneté en mission. Si vous avez travaillé au moins 200 heures dans les 3 derniers mois, vous pouvez percevoir des indemnités journalières. Transmettez votre arrêt à votre agence d’intérim et à la CPAM.
Auto-entrepreneurs et indépendants : Vos indemnités journalières sont calculées sur la base de vos revenus déclarés des 3 dernières années. Le montant varie entre 5,14 € et 53,74 € par jour selon vos cotisations. Attention : le délai de carence est plus long (3 jours minimum), sauf hospitalisation.
Quel que soit votre statut, nous vous recommandons de vérifier vos droits spécifiques auprès de votre organisme de rattachement pour éviter les mauvaises surprises.
Ce qu’il faut retenir : Vous ne pouvez pas obtenir un arrêt de travail pour le lendemain, mais des solutions existent pour réagir rapidement en cas de maladie imprévue. La téléconsultation représente aujourd’hui le moyen le plus efficace d’obtenir un arrêt légal le jour même. Respectez les délais de transmission, restez transparent avec votre employeur, et privilégiez toujours les démarches conformes à la loi. Votre santé mérite d’être prise au sérieux, mais dans un cadre qui protège aussi vos droits et votre situation professionnelle.

